Coup d’accélérateur pour l’entrepreneuriat étudiant

La valeur n’attend point le nombre des années, la création d’une entreprise non plus. De plus en plus de jeunes sont tentés par l’aventure entrepreneuriale. Selon le baromètre 2019 de l’entrepreneuriat étudiant réalisé par Opinionway pour le MOOVJEE (Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs), près de la moitié des jeunes interrogés (lycéens professionnels et étudiants), envisagent de créer ou reprendre une entreprise au cours de leur vie professionnelle, soit 9% de plus que lors de la précédente enquête de 2017.  Parmi eux, 20% souhaiteraient même le faire au plus tard à la fin de leurs études. Et cet engouement ne se mesure pas que dans les sondages.

A l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), le nombre de projets a bondi sur l’année universitaire 2020-2021. « Nous avons enregistré 75 projets de création d’entreprises, contre 30 l’année précédente. De même, nous constatons un intérêt marqué pour les Unités d’Enseignement (UE) de sensibilisation à l’entrepreneuriat, qui sont ouverts à tous les étudiants de la  licence au doctorat. Au 1er semestre de cette année universitaire, 210 étudiants se sont inscrits à ces modules, sachant qu’ils étaient 320 étudiants sur toute l’année précédente. », note Laura Claverie, chargée d’animation et d’accompagnement à l’entrepreneuriat pour l’UPPA. Une dynamique que ne semble pas freiner la situation économique actuelle. 

L’entrepreneuriat, une opportunité 

Entre des stages qui se raréfient (ils sont en baisse de 37% au niveau national sur les 12 derniers mois selon le site de recherche d’emploi Glassdoor) et une insertion professionnelle rendue incertaine en ces temps de crise sanitaire, la création d’entreprise ouvre de nouvelles perspectives aux étudiants. C’est cette alternative ce qui a motivé Clément Leray. Tout juste diplômé d’un master en management du sport à Bayonne, le jeune homme s’est lancé dans un projet de fabrication de surfs à partir de matériaux naturels comme le bois.

« J’avais des exemples d’amis qui s’étaient lancés dans l’entrepreneuriat et m’en avaient vanté les atouts. En Master, j’avais également travaillé sur des projets fictifs, avec l’envie de les concrétiser. Je ne me voyais pas entrer en 2020 sur le marché du travail. Je me suis dit que c’était une année intéressante pour tenter cette aventure ». Clément Leray a obtenu en novembre 2020 le statut national d’Etudiant Entrepreneur (SNEE), comme une trentaine d’autres jeunes retenus par le comité d’attribution du SNEE.

Ce statut lui permet de bénéficier du statut d’étudiant pendant toute la période de création d’entreprise, d’une formation à l’entrepreneuriat et à la gestion, d’un accompagnement régulier par un mentor et de l’accès au tout nouveau hub étudiant créé par l’UPPA et la Communauté Pays Basque au Générateur d’activités Arkinova d’Anglet. « Pour le moment, je n’ai pas pu me rendre au hub Arkinova pour des raisons sanitaires. Mais les ateliers et workshops devraient démarrer en février. Surtout, depuis octobre, j’ai pu travailler sur mon business plan. Le statut étudiant-entrepreneur apporte un cadre, un accompagnement concret dans le projet. C’est rassurant ». 

Un hub pour les étudiants de la côte basque

Clément Leray espère aussi profiter de l’esprit d’émulation et de réseau du Hub étudiant d’Arkinova. C’est là l’un des intérêts majeurs de cet espace qui offre aux jeunes de la côte basque un lieu dédié à l’entrepreneuriat, à l’image de l’incubateur l’EntrePau créé en 2014 par l’UPPA à Pau. « L’objectif du hub est de mettre a disposition des étudiants SNEE un cadre stimulant et professionnel, qui fait le lien entre l’université et le monde économique. C’est aussi un lieu de rencontres, propice aux synergies et à l’entraide », précise Laura Claverie, présente sur le site pour aider les jeunes créateurs d’entreprises. Chapeauté par l’Université, le hub est ouvert à tous les étudiants sous statut SNEE, quelle que soit leur formation ou leur domaine d’activités. « Nous avons une belle pluralité de projets, portés par des étudiants de toute nature. Certains sont orientés vers la deep tech, d’autres sur le sport, le  consulting, les applications mobiles ou le développement international. », ajoute l’animatrice. 

Encourager les initiatives

Si le Hub étudiants Arkinova vient apporter une nouvelle pierre à l’édifice, il n’est pas le seul à se mobiliser pour l’entrepreneuriat étudiant. Pionnière en la matière, l’ESTIA a fait de l’esprit d’entreprendre l’un des fondamentaux de sa formation. Depuis sa création, l’école bidartar encourage les initiatives entrepreneuriales de ses apprenants, en les sensibilisant dès la première année à la création d’entreprise. L’ESTIA dispose également d’un hub étudiants-entrepreneurs, qui a accompagné en 2020 35 jeunes et incubé 26 projets d’entrepreneuriat. Les étudiants de l’école d’ingénieurs forment le gros des projets incubés, mais le hub accueille également des étudiants SNEE de tous horizons, en partenariat avec l’UPPA.

C’est ainsi qu’Antonin Laurent, diplômé d’un bachelor à l’ESC Pau, a pu être incubé à l’ESTIA pour créer son entreprise d’accessoires d’ordinateurs portables et de mobiles ergonomique et éco-conçus. Attiré par l’écosystème basque, propice à son projet professionnel, le jeune homme a opté pour le statut SNEE av et développé son projet à l’ESTIA, tout en suivant le DU Outils pour entreprendre de l’UPPA. « J’aurais pu poursuivre mes études mais je ne trouvais pas d’alternance qui me convienne. Et j’avais cette envie d’entreprendre, avec plusieurs idées en tête. J’ai décidé de prendre une année de césure pour me confronter au maximum de problématiques et tester mon projet d’entreprise. Le statut d’étudiant entrepreneur permet de se mettre dans un environnement de travail stimulant et de se concentrer sur le développement de son projet. Il apporte aussi une certaine crédibilité vis-à-vis des professionnels ».

Lauréat du concours 2019 des Entreup’ Adour, « un bon coup de pouce avec une dotation financière très utile en début de projet », Antonin Laurent a muri son projet jusqu’à créer officiellement son entreprise, LookUp, en octobre dernier. Actuellement installé à la pépinière Créaluz de Saint-Jean-de-Luz, le jeune entrepreneur a lancé la commercialisation de ses premiers produits et travaille déjà au prototypage de nouvelles gammes. Il prévoit également de recruter un ingénieur en écoconception. Un exemple inspirant.