Le street art s'invite à Irouléguy

À Irouléguy, une singulière œuvre de « street poncing » (ponçage du bois) est désormais érigée sur une des façades du bâtiment de la recyclerie Lokala. Antoine Guignard, alias LPVDA - « Les pinceaux verts d’Antoine » - vient d’achever sa résidence artistique commencée le 6 octobre dernier dans le cadre du festival Point de vue, à l’invitation de la Communauté Pays Basque.

La fresque murale réalisée est un hommage aux sapeurs-pompiers et aux forêts récemment éprouvés de la région. Des enfants jouant avec des camions de pompier entourés de troncs d’arbres sont dessinés, avec, à côté d’eux, un petit tas d’allumettes posé comme sur un bûcher. Pas de peinture ici, à peine quelques touches de spray noir et de rouge. La fresque de 6 m 70 de haut sur 6 m de large est réalisée à la ponceuse, à la meule et au chalumeau. « Nous avons d’abord fixé les planches sur ce beau vieux mur. Je les ai lissées puis noircies », explique LPVDA. Imprégné d’un croquis griffonné au préalable dans un carnet, casque sur les oreilles, l’artiste travaille non pas sur mais avec le bois, qui semble lui souffler l’œuvre. « Le bois contient déjà le dessin ». À l’inverse des artistes peintres qui travaillent avec les ombres, LPVDA dessine avec sa ponceuse des chemins à la lumière, révélée dans un nuage de poussière. « Je travaille en négatif », raconte-t-il en pointant le contre-jour. En ressort une œuvre contrastée, jouant de la noblesse des planches et du soleil, prête à vieillir au gré de dame nature.

Paysagiste de métier, street-artiste reconnu dans le monde, LPVDA ne s’embarrasse pas d’étiquettes. « Si mon travail avait une dimension politique, je dessinerais encore à la bombe. Mais je travaille dans ma bulle, avec la nature. Je trouverais dommage de me servir d’elle pour revendiquer quelque chose ». L’homme est un poète du même bois que son art. C’est discrètement que tout fait sens. « L’enfant dessiné est le fils de mon meilleur pote. Petit, on jouait ensemble avec des camions de pompier ».

LPVDA livre au village d’Irouléguy une création sensible chargée gratitude. Une histoire d’arbres en quelque sorte, intime et universelle à la fois, qui dirait sobrement « merci » aux combattants du feu.

A découvrir également dans le cadre du Festival Points de Vue, les oeuvres des deux autres artistes en résidence : Yann Chatelin alias « Poze » à Ustaritz et John Wentz à Isturitz.