Les conseils d’Amaia Hennebutte pour lire en euskara aux tout-petits

Traduction en gascon disponible pour l'article

En cette période de confinement, Amaia Hennebutte nous donne des clés pour raconter en euskara aux tout-petits.

Publié le 24-03-2020

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Amaia Hennebutte, auteure-illustratrice d’albums et directrice artistique de la compagnie Kiribil devait animer l'atelier « Raconter en euskara à nos tout-petits », dans le cadre de Kalakaño, l'évènement de la petite enfance en langue basque organisé par la Communauté Pays Basque. Elle livre ici ses "clés de lecture". 

Comment définir la littérature jeunesse ? Quelle est son histoire ?

La plupart du temps, les gens pensent que la littérature jeunesse et les albums restent des livres pour enfants. J’affirme que les albums sont bien plus que des livres pour enfants : ce sont des œuvres d’art, qui s’adressent certes aux enfants, mais qui parlent aussi aux adultes, et ils sont primordiaux car ils représentent le premier contact que les petits ont avec l’Art.

En France, la littérature jeunesse a connu un réel essor depuis de longues années, et est une référence aujourd’hui dans le monde entier, autant par sa qualité que par sa diversité et sa richesse de propositions.

Au Pays Basque, son développement a été freiné et empêché par la dictature espagnole. Mais, même si son essor a commencé bien plus tard dans l’Histoire, aujourd’hui elle est présente, existe réellement et devient riche de par l’arrivée de jeunes créateurs basques.

Comment lire aux bébés ?

La lecture d’albums aux bébés dépend de la vision des adultes sur les petits. Si un adulte considère le bébé comme un être inférieur qui ne sait pas grand chose, il va lui lire un album en « infantilisant » sa manière d’être. Si l’on considère le bébé comme un être à part entière, certes petit et qui a beaucoup de choses à apprendre, mais tellement plus avancé que nous dans la perception des sens et des émotions sur le moment présent, il peut se permettre toute liberté, et s’engager pleinement dans une interprétation personnelle et intime de sa lecture.

Les préjugés des adultes sont à bannir : « il faut une narration, il faut prendre une voix particulière, il faut lire l’ensemble du texte pour respecter l’auteur, il faut des capacités et compétences particulières…» Rien de tout cela n’est vrai, et il faut se libérer de tous ces a priori !

Plus je travaille avec les tout-petits en crèche (jusqu’à 3 mois), plus je découvre leur capacité sans limites et leur grande ouverture à toute proposition artistique, même des plus abstraites.

Quelle est votre recette pour une lecture pleine et partagée avec un bébé ? 

Choisissez un livre qui vous plaît, qui vous parle, qui vous émeut quand vous le regardez : là est la base d’une bonne lecture. Impliquez-vous, engagez-vous pleinement dans ce que vous allez raconter et vivre, vibrez réellement et ressentez les émotions quand vous entrez dans le livre, telle est la seconde base d’une bonne lecture.

Osez écouter vos intuitions, ne mentalisez-pas, et offrez-vous toutes les libertés d’expression qui vous traversent en lisant ou en inventant, en chantant ou en produisant des sons, en musique ou en silence, tel est le troisième ingrédient d’une bonne lecture partagée. Et surtout, partagez pleinement ce moment unique et intense avec le ou les petits, en restant pleinement à leur écoute, et en réagissant à ce qu’ils vous renvoient. 

Quand la lecture d’un album devient un vrai moment de partage et de voyage émotionnel,  le conteur sort de ces lectures épanoui, comme empli d’un bonheur intense. Ce sont des moments rares et si forts, que l’on a envie de les revivre dès le lendemain !

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