Épisode 2 : La Communauté Open Lande ouvre des imaginaires écologiques à l’aide de l’intelligence artificielle

Dans ses ateliers « Imagine le futur en 2050 », l'association Communauté Open Lande propose au public de réfléchir au devenir de leur ville et transforme leurs idées en image grâce à l’intelligence artificielle. Un bon moyen d’encourager ensuite le passage à l’action.

Mise à jour : 7 octobre 2025

Et si nous avions le pouvoir de réinventer nos villes, rebâtir nos lieux de vie, imaginer de nouvelles façons d’habiter, que changerions-nous ? C’est l'exercice original que propose de réaliser l’association Communauté Open Lande à travers ces ateliers « Imagine le futur en 2050 ». Pour Benoît Dandine, qui anime l’antenne régionale de la structure au Pays Basque, ces rendez-vous sont l'occasion de réfléchir ensemble à un avenir désirable et trouver des solutions positives face à la crise climatique et à l’effondrement du vivant. « Tout le monde est conscient de ces problèmes mais personne n’a envie d’agir seul dans son coin, surtout si ça ressemble à une punition ! Ici, on crée une expérience collective stimulante pour enclencher le mouvement. »

Ouvrir les imaginaires avec l’Intelligence Artificielle

Ce jeudi soir au centre Olatu d’Anglet, elles sont un petit groupe à se prêter au jeu. Toutes sont des militantes de la cause environnementale. « Mais ce ne sont pas toujours les mêmes profils », tient à préciser l’organisateur, qui se rend aussi en entreprise, travaille avec les collectivités et a même récemment conduit un programme avec Unis-cité dans les facultés. « C’est un atelier accessible à tous, il ne faut pas être expert du climat, au contraire. » En guise d’introduction, le formateur rappelle à l’auditoire le cœur de la mission de la Communauté Open Lande : régénérer le vivant. « Sans le vivant, aucune de nos activités humaines n’est possible. Mais cette richesse est en train de disparaître. » L’exercice d’anticipation qu'il conduit ce soir est la clé de voûte de toutes les actions de l’association. « Pour bifurquer, on doit d’abord poser la vision, ce que l’on veut pour l’avenir. Ensuite, on peut organiser et planifier des initiatives concrètes. »

Pour faciliter le travail de projection, Benoit Dandine demande aux intéressées de choisir un sujet qui leur tient à cœur : un lieu, un métier, un objet, peu importe.  « L'important c’est de démarrer avec quelque chose qui nous parle, que l’on a envie de défendre. La dernière fois, un groupe a voulu travailler sur la fiche de paie en 2050 », avance-t-il, amusé. Une première équipe décide de travailler sur la maison basque du futur, ou plutôt « l’etxe d’avant, quand plusieurs générations vivaient sous le même toit, mais en imaginant des formes nouvelles de cohabitation, entre les personnes et avec le vivant », expose Marine. L’autre déplie sur la table une grande carte IGN avec l’idée de revisiter l’aménagement du territoire et « proposer quelque chose de plus sensible qui montre les connections avec la nature, le terroir, intègre les mobilités douces, les petits producteurs », imagine Charlène.

Vient ensuite la phase de création. Mais faire un bond dans l’avenir n’est pas si évident ! C'est alors qu'entre en jeu l’intelligence artificielle. Un assistant inattendu dont Benoît Dandine veut faire un allié du climat. « C’est une technologie qui a évidemment ses travers mais qui peut être très utile quand on sait l’utiliser à bon escient. » Rapidement, les stagiaires se mettent à converser avec la machine. Elle les aide à trouver des idées originales, à concevoir des récits et bientôt leur donne corps : les toits de la maison basque se végétalisent, le fronton se couvre d’un panneau photovoltaïque et une assemblée citoyenne se réunit au pied d’un arbre centenaire pour discuter des besoins du quartier. Sur la carte, une autoroute cyclable quadrille le Pays Basque, des corridors verts fleurissent autour des grandes villes et la vallée du piment d’Espelette devient une polyculture de fruits et légumes. 

« Je suis vraiment bluffée par le résultat ! Il y a un côté presque magique à voir ces images se former sous nos yeux », rapporte Marine qui envisage d’utiliser le procédé dans les concertations qu’elle anime elle-même. Charlène, quant à elle, voudrait prolonger le travail de cartographie qu’elle a initié et pourquoi pas distribuer demain son plan dans les offices de tourisme « pour raconter une autre histoire du Pays Basque aux visiteurs. »

De la vision à l’action

« Évidemment, il y a une part d’utopie mais le but c’est de montrer quelque chose de tangible auquel on peut se raccrocher », soutient Benoit Dandine. Sur les réseaux sociaux, les visuels futuristes de la zone commerciale d’Ametzondo, du petit Bayonne ou encore du port de Saint-Jean-de-Luz ont donné un coup de projecteur bienvenu sur l’association. Une exposition des œuvres réalisées dans le cadre de l’atelier sera organisée à la fin de l’année au centre Olatu « pour interpeller les citoyens et les inciter à la mobilisation », espère-t-il. L’action, c’est le second pilier du travail de la Communauté Open Lande qui développe partout sur le territoire des projets de régénération : en aidant par exemple à recréer des zones de biodiversité dans les jardins, en restaurant des sols colonisés par l’herbe de la pampa ou en réimplantant des micros-habitats marins dans les ports de plaisance de la côte basque. « A chaque fois qu’on agit, même à petite échelle, on n’attend plus un futur meilleur, on commence à le fabriquer. »

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