Master Class Déconstruction et réemploi
Du 12 septembre au 24 novembre

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Le 13 décembre 2023, un grand colloque sur le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) a réuni à Bayonne élus, urbanistes, experts et bailleurs sociaux du Pays Basque. Ensemble, ils ont partagé constats, inquiétudes et solutions pour préserver la terre et réinventer les façons d’habiter. Retour sur une journée qui a marqué une étape décisive pour l’avenir du territoire.
Mise à jour : 2 juillet 2025
Télécharger la synthèse du colloque (PDF, 1,5 Mo)
Les villes et villages du Pays Basque portent l’héritage d’une sobriété foncière exemplaire. Pourtant, en moins d’un siècle, l’étalement urbain a bouleversé cet équilibre. Un chiffre en dit long : les opérations de moins de 8 logements par hectare sont responsables de 51 % de la consommation d’espaces, alors qu’elles ne produisent que 19 % des logements.
Le modèle pavillon-voiture-centre commercial
Ce phénomène s’explique par le modèle d’aménagement qui s’est généralisé depuis les années 1970 : le triptyque pavillon-centre commercial-voiture, alors promu par la publicité, a façonné notre imaginaire, incarné notre idée du progrès et transformé durablement nos représentations. Beaucoup de familles ont ainsi choisi de s’installer dans des maisons individuelles, souvent éloignées des centres-villes. Pour faire ses courses, aller à l’école ou au travail, la voiture est devenue indispensable, les commerces de proximité ont cédé la place à de grandes surfaces en périphérie, et les centres-bourgs se sont peu à peu vidés de leur vitalité. Ce mode de vie, pensé pour offrir confort et espace, a aussi entrainé de nombreux effets négatifs : une forte consommation de terres agricoles et naturelles, une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, une multiplication des déplacements mais aussi une perte de convivialité et d’animation dans les villages.
Densifier pour mieux vivre
Face à ce constat, la densification intelligente apparaît comme une solution porteuse d’avenir. Densifier, ce n’est pas entasser, mais mieux utiliser les espaces existants : rénover des logements vacants, transformer des bâtiments inutilisés en habitats ou en lieux partagés, et favoriser la mixité des usages... Comme l’a rappelé Jean-René Etchegaray, Président de la Communauté d’Agglomération Pays Basque en ouverture du colloque : « Le ZAN, s’il est contraignant, ouvre ces potentiels. Il est l’opportunité de mieux préserver la biodiversité et nos terres agricoles. Il permet de rapprocher les habitants des services, commerces et écoles, de limiter les trajets quotidiens en voiture et de redonner vie aux centres-bourgs. Il encourage aussi la création d’espaces publics de qualité, de parcs, de places et de marchés, où les habitants peuvent se rencontrer, tisser des liens et être ensemble aux côtés de leurs enfants à l’image de nos voisins du Pays Basque sud. »
Des exemples concrets d’actions locales
Plusieurs communes engagées dans le programme « Petites Villes de Demain » traduisent déjà ces ambitions en actions concrètes. À Mauléon-Licharre, les anciens logements de fonction de l’école communale de la basse-ville ont été réhabilités en logements sociaux. À Hendaye, la place de la République a été entièrement repensée pour favoriser une centralité apaisée et accessible. À Hasparren, un nouvel ascenseur permettra de faciliter l’accès au centre-ville et par conséquent limiter la présence de la voiture dans le cœur du bourg. Cet équipement très présent en Pays Basque sud a fait ses preuves pour soutenir la vitalité des centres-villes à la topographie marquée. À Saint-Palais, c’est le tissu commercial qui est mis à l’honneur avec l’organisation de la manifestation « Mon commerce en centre-ville », pour soutenir les enseignes locales et réinvestir les espaces vacants. À Saint-Jean-Pied-de-Port, l’ancienne laiterie a été requalifiée en maison France Services, permettant un accès facilité aux services administratifs. Ces projets, portés par les élus et conçus avec les habitants, montrent qu’une densification choisie, qualitative et vivante est possible. Partout, l’objectif est le même : faire mieux avec l’existant, limiter l’emprise sur le sol, renforcer la convivialité.
Un territoire pionnier, ouvert sur l’avenir
Martine Bisauta, Vice-Présidente en charge de la transition écologique, invite à dépasser le simple cadre réglementaire : « L’exigence de la sobriété peut devenir la règle de tous les projets pour un Pays Basque résilient, habitable. » Pour Bruno Carrère, Vice-Président en charge de la planification, il s’agit d’adapter la démarche à la diversité des situations locales : « Il ne doit pas y avoir un ZAN, mais des ZANs, pour adapter la loi et les réflexions à chacun des cas particuliers. »
Au fil des échanges, une conviction s’est imposée : la sobriété foncière n’est pas un frein, mais un levier pour réinventer l’habitat, préserver le patrimoine naturel et agricole et renforcer le lien social. Le Pays Basque, fort de ses élus mobilisés et de ses habitants engagés, s’affirme ainsi comme un territoire pionnier qui dessine une nouvelle manière d’habiter : plus sobre, plus proche, plus durable. Le colloque de Bayonne aura marqué une étape clé en ce sens.
Un nouveau SCOT pour un futur plus sobre
Peu connu du public, le futur SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) « Pays Basque et Seignanx » est pourtant un document stratégique pour le devenir du Pays Basque. C’est lui qui dicte les grandes lignes de la politique d’aménagement des 25 prochaines années. Il donne à la fois une vision globale du développement à venir, une philosophie générale, mais aussi des prescriptions concrètes auxquelles doivent se conformer les futurs documents d’urbanisme. Après plus de six années de concertation avec les élus des 166 communes concernées et les représentants de la société civile, le cap donné à l’aménagement du Pays Basque est clair : celui de la sobriété. Faire mieux avec moins, en résumé. Comment ? En maîtrisant d’abord l’attractivité du territoire et sa trajectoire démographique, en bâtissant différemment sur les zones déjà artificialisées (friches, logements sous-occupés) pour réduire la consommation d’espaces naturels et de terres agricoles, en créant un réseau de petites villes dynamiques réparties sur tout le territoire qui disposent de services publics de proximité pour éviter les déplacements pendulaires. Tendre aussi vers davantage d’autonomie au niveau alimentaire ou énergétique grâce aux énergies renouvelables locales et encourager un développement économique durable et équilibré en spécialisant l’activité par bassin de vie pour éviter la concentration des entreprises sur la seule frange littorale. S’adapter aux risques futurs enfin, en préservant nos ressources naturelles, en adaptant nos habitats aux aléas climatiques et en soutenant les ménages les plus modestes qui sont les plus impactés par les effets du changement climatique. Arrêté en janvier dernier, le futur SCoT est ouvert à la concertation du 23 juin au 23 juillet 2025, dans le cadre de la phase d’enquête publique, avant l’approbation définitive des textes à l’automne.
Du 12 septembre au 24 novembre
4 juillet 2025
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