Un parcours-découverte de l’euskara dans le monde étudiant
Depuis septembre, des ateliers d’initiation à l’euskara et à la culture basque sont dispensés à une dizaine d’étudiants du collège Études Européennes et Internationales de Bayonne. Un possible tremplin pour s’engager vers une formation plus poussée, financée par la bourse Euskaldundu de la Communauté Pays Basque.
Mise à jour : 23 octobre 2025
Ils apprennent normalement l’anglais et l’espagnol dans leur cursus de droit public ou pénal, de coopération transfrontalière et internationale... Là, c’est une immersion dans l’univers de l’euskara que suivent une dizaine d’étudiants via la formation originale proposée par la Communauté Pays Basque et son partenaire, le collectif Plazara. Un cycle d’ateliers Euskaldundu (« Devenir bascophone »), du même nom que la bourse mise en place par la Communauté Pays Basque, pour inciter les étudiants à s’engager dans la dynamique de revitalisation de la langue basque (lire par ailleurs).

« L’approche ludique et pratique de la formation »
Jeudi 16 octobre. 16h30 ont sonné au sein du collègue 2EI (Études Européennes et Internationales) de Bayonne. Bastien est là, avant l’heure. Il n’a loupé aucune séance depuis la rentrée de septembre et semble conquis. « J’aime l’approche ludique et pratique de cette initiation. Nous avons eu un jeu de piste à l’extérieur, un jeu de rôle au café pour apprendre à commander, c’était bien », glisse l’étudiant en licence de droit public et sciences politiques. Il loue « le fait d’être en petit comité et d’aborder, en plus des rudiments de l’euskara, des pans de la culture, de la sociologie basques. » « Ne pas être focalisés sur le seul aspect linguistique », plaît également à Jade et Zoe, en 1ère année de master Coopération transfrontalière et internationale.
Comme eux, Mathilde, Faustine, Deborah, Adrien…, ont été séduits par cette invite de l’UPPA à suivre cette découverte initiale à l’euskara. Originaires d’Ile de France, Bretagne, Dordogne, Val de Loire…, ils sont non bascophones et désireux de « mieux cerner cette culture et cette identité fortes. » La locale du cours est Bayonnaise, Mathilde. Elle a donc « l’oreille » et possède les codes. Originaire de région parisienne, Maitena compte des attaches au Pays Basque par sa grand-mère, mais dit-elle, « le basque s’est perdu dans notre famille. » Alors, pour renouer avec cette langue chère à son cœur, elle a voulu faire partie de cette aventure.
« Nous allons au-delà des traditions pour leur faire palper la modernité et la dynamique contemporaine de l'euskara. »
21 heures de séduction
Ce jour-là, ils sont huit à suivre la troisième séance. Il y en aura 7 au total. 21 heures pour un bain immersif dans la langue, la culture, la modernité de cette langue vivante. « C’est ce que nous voulons apporter, témoigner de ce qu’est l’euskara, ce qui gravite autour. Nous allons au-delà des traditions pour leur faire palper la modernité, la dynamique contemporaine engagée », indique Oihan Bouzigues Indart, 20 ans, qui forme le quatuor des animateurs de Plazara venus animer ces cours avec Xan Aire, Mirentxu Ibargaray et Hélène Charritton. C’est à Hélène que revient ce jour-là le soin d’animer le cours à ses côtés : « l’euskara entre nos mains : initiation à la sociolinguistique ». Une immersion dans l’histoire culturelle, sociale, politique du Pays Basque, dans un va-et-vient entre tradition et approche contemporaine. À l’image de la référence à l’exposition en cours au Musée Basque : le premier livre imprimé en langue basque en 1545. « Un livre de référence écrit par un curé pour dire que la langue basque doit avoir un destin », glisse la formatrice.
L’évocation de la création des ikastola, de l’avènement de la Communauté d’agglomération Pays Basque, y sont aussi abordés. La culture basque, c’est évidemment la poésie des grands auteurs et chanteurs traditionnels, mais aussi ces groupes dans le vent, type Neomak, ces artistes qui font les heures belles du festival EHZ. L’invite à découvrir ce festival à ciel ouvert fait forcément mouche auprès de ces vingtenaires. La semaine prochaine, l’euskara dans le monde professionnel sera abordé, de même qu’une présentation de l’économie au Pays basque et de la monnaie locale, l’eusko. « Et n’oubliez pas, il y aura également une initiation à la danse basque (zazpi jauziak) », glisse Oihan dans un sourire.
Tremplin vers la bourse Euskaldundu
Ils sont déjà deux ou trois à penser poursuivre cet apprentissage de l’euskara. Bastien évoque de possibles cours du soir au sein d’AEK par exemple. Maitena espère « se réapproprier la langue de sa grand-mère. » Jade pourrait être tentée, plus tard, par un stage intensif de six mois (on les nomme « barnetegi »). « J’avance au feeling, je verrai comment cela pourrait s’articuler. » Elle reconnaît que cela pourrait être « un atout pour ses études dans la coopération transfrontalière et internationale. » Tous trois peuvent être de sérieux candidats à la bourse Euskaldundu (stage intensif en langue basque) mise en place par la Communauté Pays Basque. Des étudiants, chaque fois plus nombreux, pourront suivre ces ateliers et le dispositif sera étendu à davantage d’établissements d’enseignement supérieur du territoire.
Le savez-vous ?
Pour la première fois en 30 ans, le nombre de bascophones ne recule plus. On dénombre 51 500 bascophones en Pays Basque nord, soit 20,1 % de la population, alors que cette dernière ne cesse de croître. L’objectif est d’atteindre 30 % d’ici 2050, d’où la mise en place notamment de ces ateliers d’initiation Euskaldundu.