Des ruches sur les sites de la Communauté Pays Basque

Quatre ruches ont été installées au château de Bidache et à la maison de la communauté de Garazi-Baigorri. Une belle aventure en faveur de la biodiversité s’engage.

2020-07-06 (e)an argitaratua

Orrialde honetan

En cette première matinée de juillet, dans un ciel encore chahuté, le château de Bidache se dresse, superbe et mystérieux. Il vient de rouvrir aux visites guidées. Rien n’a changé depuis la saison passée. Rien, enfin presque. À y regarder de plus près, une nouvelle vie anime les abords du château. À la gauche du pont levis, en contrebas, deux ruches viennent d’être installées par deux apiculteurs de la société Abeilles et Cie missionnée par la Communauté Pays Basque. « La veille, nous étions à Lutxiborda, la Maison de la Communauté de Garazi-Baigorri, pour y installer deux autres ruches », indique Lionel Charrut, le responsable et apiculteur passionné. En tout, près de 240 000 abeilles s’activent sur ces deux sites gérés par la Communauté Pays Basque, instigatrice de ce projet en faveur de la protection de la biodiversité (lire ci-dessous).  

Ici, à Bidache, plus de 60 000 abeilles noires évoluent dans chacune des ruches. « C’est la meilleure période, les colonies sont en pleine croissance. Les abeilles sont issues de nos sept ruchers (lire par ailleurs). En les installant ici, dans ce nouvel environnement, nous avons désorienté leur GPS interne. Les heures qui ont suivi leur installation, elles ont donc pris leurs marques et fait le tour du propriétaire, sachant qu’elles peuvent butiner à plus de 3 km de la ruche. Elles prennent les coordonnées, font de grands cercles, s’éloignent et reviennent à la ruche à la nuit tombée. » Une fois acclimatées, les abeilles polliniseront les espaces paysagers des environs, arbres et plantes sauvages. Elles permettront ainsi d’obtenir légumes, fruits et graines nécessaires à l’alimentation humaine et animale…

Les visites des lieux par les touristes ne les importuneront pas. De même, éloignées du site historique, elles ne seront un danger pour personne. « Tout est sécurisé. Les ruches ne pourront être approchées de près. De plus, nous venons régulièrement sur les lieux, pour l’entretien, veiller aux aspects sécuritaires et lutter contre le frelon asiatique qui va revenir en force jusqu’en octobre. » 

L’abeille, sentinelle de l’environnement 

L’abeille est l’ambassadrice de la protection de la biodiversité. Cet insecte pollinisateur assure un rôle primordial pour la survie des espèces végétales. Elle symbolise le retour de la nature en ville. Victime d’un effondrement de leur population, les abeilles méritent d’être défendues. Contribuer à leur préservation, c’est agir sur la biodiversité. « D’où l’intérêt pour la Communauté Pays basque de mener cette démarche expérimentale sur son territoire, indique Sonia Niquège, de la Direction Transition énergétique et écologique & Agglomération citoyenne. En proposant de découvrir la vie et le travail de l’abeille, nous espérons une prise de conscience par la population, du rôle essentiel des pollinisateurs dans nos vies. » Sur un an, leur bonne santé sera également un marqueur de la qualité de la biodiversité sur les territoires d’implantation.

L’autre enjeu est de mieux faire connaître cette espèce locale d’abeille noire (Euskal erle belza), adaptée au territoire, mais qui a failli en disparaître. C’est grâce au travail d’apiculteurs réunis au sein du Conservatoire de l’Abeille noire du Pays Basque (Euskal Erle beltzaren konserbatorioa) d’Itxassou qu’elle a pu être maintenue.  « L’abeille noire est considérée comme très dynamique, précise Lionel Charrut. Ce qui me plaît, c’est qu’elle habite ces lieux depuis plus d’un million d’années. Cette abeille rustique, parfaitement adaptée à son environnement, se défend mieux contre les prédateurs. C’est un insecte passionnant. Je pourrais en parler des heures… »

Des animations de sensibilisation

En parler, c’est justement l’un des objectifs de cette initiative. Afin de toucher le plus grand nombre, une exposition intitulée « à la découverte des abeilles noires » sera proposée au château de Bidache en août, puis à l’office de tourisme de Saint-Jean-le-Vieux. Les guides de l’office de tourisme de Bidache diffuseront des informations autour des abeilles noires lors de leur visites guidées. Des ateliers autour des ruches seront mis en place cet été pour des groupes de personnes du territoire, intéressés par le métier d’apiculteur, l’évolution de l’abeille noire, la récolte du miel.

« En août, un temps fort se profile avec la récolte du miel, son extraction et son conditionnement. Une animation autour de la mise en pots sera proposée », précise Stéphanie Nadal, responsable du pôle Pays de Bidache. Par ruche, cela représentera une centaine de pots de 125 grammes. A l’automne, c’est le site de Saint-Jean-Le-Vieux qui accueillera cette fois les élus et les agents de la Communauté pour leur faire découvrir la vie des colonies d’abeilles.   

Pour Abeilles &Cie, cette collaboration avec une collectivité est une première. « C’est une belle mise en lumière de notre travail, de l’abeille noire et de l’intérêt de préserver des dangers qui la guettent, le frelon asiatique, les intoxications en pesticide et le manque de nourriture en juillet et en août. » D’ailleurs, à chaque animation publique, l’équipe aime à interpeller les habitants du Pays Basque : « plutôt que des palmiers, nous les invitons à planter des fleurs, des châtaigniers, des pommiers, des cerisiers et à privilégier la tonte tardive. Pour laisser le naturel reprendre le dessus et tenter, chacun à notre niveau, de rétablir l’équilibre… » 

Le savez-vous ? Abeilles et Cie est l’un des acteurs du territoire à défendre l’abeille noire. Forte de 4 salariées, la société s’appuie sur sept partenaires apiculteurs répartis à moins de 30 minutes de ses ruches. La société née à Bassussary commence à essaimer ailleurs qu’en Pays Basque, où elle compte six ruchers à Arcangues, Bassussary, Saint-Pée-sur-Nivelle et Itxassou. Elle vise à la sauvegarde des abeilles et abeilles noires locales, au développement des colonies, et incite à une apiculture durable et raisonnée. Son concept ? Proposer aux entreprises et particuliers de parrainer des ruches et ainsi, de suivre la saison apicole et de récolter une partie de leur miel. 

     

 

Actualités ArtikuluakActualitats

Agenda Agenda Agenda