Mini-série de l'été épisode 5 : L'agriculture, à la reconquête du public

Nous poursuivons notre tour d'horizon des solutions de terrain, à la rencontre de Puntxo Oxoby. Jeune éleveur installé à Saint-Martin d'Arrosa, il a candidaté à l'appel à projets de la Communauté Pays Basque ErrekAgri. La protection de l'environnement est ancrée dans ses pratiques. Lui qui se définit d'abord comme un paysan, amoureux et défenseur de son pays.

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Qualité de l'eau au Pays Basque : découvrir tous les épisodes de notre mini-série

 

Dans les derniers épisodes de notre série spéciale « Qualité de l’eau », nous nous sommes intéressés à l’analyse des eaux de baignade, au traitement des eaux usées et aux éco-gestes citoyens, en participant à un atelier pédagogique de la Water Family. Aujourd’hui, nous explorons une nouvelle facette du sujet : l’agriculture.

Prendre soin de son pays

Puntxo Oxoby, jeune éleveur installé à Saint-Martin d’Arrosa, nous accueille sur sa ferme. Lui, préfère parler de paysannerie. « Le paysan, c’est celui qui prend soin de son pays », revendique-t-il. A la tête d’un cheptel de 300 manex, il a toujours eu conscience de la nécessité de protéger l’eau. « Le Pays Basque, c’est un pays d’eau. Quand on regarde autour de nous, il y a des cours d’eau partout ! ». Dès 2015, alors que peu de ses confrères s’y intéressent, il se lance dans le compostage. Grâce à une aide du syndicat des Nives, il s’équipe d’une bâche pour éviter que les jus de fermentation ne s’écoulent vers la Nive, située à seulement quelques centaines de mètres en contrebas. Au-delà de l’impact sur l’environnement, c’est aussi une question d’efficacité économique. « Le compost que je produis est très chargé en élément nutritifs ». Quand il l’épand sur ses prairies pour la pâture des bêtes, la pousse est beaucoup plus rapide et fournie. « Si je perds cette matière première, je perds de l’argent », explique le jeune entrepreneur.

 

60 tonnes de compost

Lorsque l’on s’aventure sur les hauteurs du village où il stocke son fumier, on se rend mieux compte de l’enjeu. L’amas mesure près d’1 mètre de haut sur plus de 40 mètres de longueur. Chaque année, il produit près de 60 tonnes de compost. En 2022, lorsque la Communauté Pays Basque lance l'appel à projets ErreakAgri pour aider les agriculteurs à préserver l’eau, il n’hésite pas à candidater. Il a besoin d’une nouvelle bâche car la première qu’il a installée s’est abimée avec le temps. « La demande a été simple et rapide », rapporte-t-il. L’aide de l’Agglo lui a permis de financer la moitié de ses investissements. En plus de l’achat du matériel, il a fait appel à l’aide de la CUMA pour s’occuper du compost. « Il faut le brasser avec de grosses machines plusieurs fois par an pour qu’il reste bien homogène ».

 

Reconnecter avec le consommateur

Lorsqu'on l’interroge sur l’image de l’agriculture, il se défend. « Pendant longtemps, on a demandé aux agriculteurs de seulement produire et on a perdu le lien avec le public ». « Oui, il y a pu avoir des abus dans le passé », concède-t-il, « mais aujourd’hui, tout est tracé et surveillé. On fait très attention aux produits qu’on utilise, aussi parce que ça nous coûte de l’argent ». Ses fromages bénéficient de l’appellation Ossau-Iraty et du label Haute Valeur Environnemental. Il en vend une petite partie en direct sur sa ferme et profite des visites pour montrer au public comment il travaille. Ses bêtes sont choyées. Le troupeau pâture 10 mois de l’année sur une parcelle de 25 hectares. Une partie part en transhumance l’été, explique-t-il, en montrant du doigt les collines alentours. « Au Pays Basque, on a la chance d’avoir des marques comme Idoki et des labels qui font de la pédagogie. On est aussi une région touristique avec des produits prisés ». Pour l’avenir, il compte investir dans des panneaux photovoltaïques pour réduire les coûts de l’énergie qui ont explosé. La sécheresse historique de 2022 l’a aussi fait réfléchir. « On va devoir faire avec de moins en moins d’eau, c’est sûr. Il faut qu’on fasse tous des efforts ». Il pourrait candidater à nouveau l'an prochain pour s’équiper cette fois de citernes d’eau de pluie.

 

 

Dans les prochains épisodes...

Nous poursuivrons notre exploration pour montrer de nouvelles initiatives. Nous irons notamment à la rencontre des équipes de la Communauté Pays Basque qui veillent sur les cours d'eau du territoire ou des scientifiques qui tentent, à travers leurs recherches, de mieux comprendre les interactions entre l'homme et le vivant.

L'info en plus

Comme Puntxo Oxoby, ils sont 24 éleveurs, maraichers ou arboriculteurs lauréats de l'appel à projets ErrekAgri. Les actions mises en oeuvre pour protéger l'eau sont variées : création de points d'abreuvement sécurisés pour le bétail, aménagement de traversée de cours d'eau, remise en état de points de captage, bachage du compost ou achat de matériel pour économiser l'eau de l'exploitation. Un investissement total de plus de 340 000 € réparti entre la collectivité et les agriculteurs.

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