Une touche gasconne à Points de vue

À Bergouey-Viellenave, c’est un peu de l’âme occitane qui est contée sur la façade de la mairie. Joan-Carles Codèrc est l’un des dix artistes du festival Points de vue, ayant œuvré à ciel ouvert.

Publié le 15-11-2023

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La mairie de Bergouey-Viellenave garde l’empreinte du passage de l’artiste-plasticien. En octobre dernier, deux semaines durant, celui qui se relève davantage de l’art parétal que du street art, Joan-Carles Codèrc a investi le village. Il était l’un des artistes invités dans le cadre du festival Points de vue, qui s’est déployé cette année à Bayonne, Uhart-Mixe et Bergouey-Viellenave.

Autour de l’âme occitane

Pourquoi ce village, pourquoi lui ? « La spécificité de Bergouey-Viellenave en pays charnegue, l’endroit où se croisent l’euskara et l’occitan, c’était comme une évidence pour moi qui travaille de longue date sur l’âme occitane. Je trouvais intéressant, en lien avec les habitants, de trouver une réponse visuelle, picturale à cette spécificité charnègue. » La première semaine, l’artiste a sondé les habitants sur leur ressenti autour de ce mot, et collecté des outils usuels liés au travail d’antan, traditionnels et ruraux. « J’aime bien l’idée d’art et tradition populaire comme source de création. Je prends des objets pour en faire des compositions contemporaines, de manière à expliquer que la tradition n’est pas figée », glisse l’artiste.

Parti à la rencontre de familles ancrées dans le village depuis plusieurs générations, les trouvailles ont été au rendez-vous. Des objets des travaux des champs en priorité. Ses balades dans le village l’ont également mené dans une ferme proche du moulin, où un collectionneur avait collecté des dizaines d’objets d’art et de tradition populaire. « Une vraie source d’inspiration ».

Sur sa fresque se retrouvent ainsi le maïs, en référence à la culture locale, une bròca (prononcer broque), appelée aussi espeloqueta (prononcer espélouquéte), outil à pointes servant jadis à dépouiller le maïs lors de veillées. « Les vilageoises se les transmettaient de génération en génération, je trouvais cela assez symbolique. » Les stèles des cimetières de Bergouey et de Viellenave l’ont également inspiré, comme la conque, référence aux chemins jacquaires. Sur la partie centrale, des objets retrouvés dans la forge, y figurent. « Les charpentes des maisons basques, ici ornées de briquettes roses, apposées en diagonale, en témoignage de la rencontre d’une spécificité basque et gasconne. J’y ai inscrit des mots en euskara et en occitan. »

Au fil des deux semaines, les habitants, comme les élèves de l’école Notre-Dame de Came, ont pu juger de l’avancée de son œuvre. « En voyant le résultat final, les habitants ont perçu le sens entre la collecte et la manière dont a été pensée la peinture, comment elle a pris place dans le village. » Certains habitants, séduits, ont demandé à l’artiste de peindre un mot ou une fresque sur leur mur de maison. Une invite à laquelle tentera de répondre Joan-Carles Codèrc, déjà affairé à penser sa deuxième fresque sur le mur de l’ancienne mairie de Viellenave « quand le temps s’y prêtera ». Sa patte artistique est également à découvrir sur le mur du centre aquatique des Hauts-de-Sainte-Croix, où sa fresque « charnèga e d’alga-xarnegu et ura » emprunte de la « même symbolique ».

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