Episode 3 : Une colonie de vacances pour renouer avec le basque en famille

C’est une colonie de vacances un peu particulière qu’a imaginée le collectif citoyen Plazara. Pendant une semaine, plusieurs familles partagent un séjour en collectivité, immergées dans la langue et la culture basques. Baptisée Familion’ Egonaldia, l’expérimentation vise à encourager parents et enfants à prendre l’habitude de parler en euskara au quotidien. « Il n’existait pas d’offre de ce type », explique Eneko Gorri, responsable de projet à Plazara. « Pour les parents, c’était toujours le dilemme, soit prendre une semaine de congés pour apprendre le basque soit garder leurs enfants. »  

Grâce au soutien financier de cinq institutions publiques, dont la Communauté Pays Basque, et avec l’aide de quatre partenaires - AEK, Uda Leku, Ebete et Dindaia – l’association décide d’innover en créant ce nouveau concept. « On a fédéré les savoir-faire de chaque structure pour proposer une formule originale qui permette d’apprendre et de partager une expérience avec ses enfants en même temps », poursuit le responsable. Pour cette première édition, 45 familles se sont portées volontaires. Un engouement inattendu qui a largement dépassé les espérances des organisateurs. « On accueille des personnes d’univers très différents. Certaines viennent de Navarre, de Gipuzkoa, d’Alava, d’autres sont originaires du Japon, d’Argentine. »

Renouer avec la langue… 

Dans la grande bâtisse Arantzola d’Arbonne qui sert de refuge aux pensionnaires, les journées sont réglées. Le matin, pendant que les enfants s’amusent, les parents sont en cours de basque. Tous ont déjà des bases mais manquent d’assurance pour le parler, comme Maitena, venue tenter l’expérience avec Jone, sa fille de 5 ans, scolarisée à l’Ikastola de Bidart. « J’avais commencé à apprendre le basque il y a quelques années mais on n’a pas pris l’habitude de le parler à la maison. » Pour la jeune maman, qui dit manquer de temps pour suivre à nouveau des cours, l’initiative de Plazara était l’occasion parfaite de renouer le lien. « Je voulais lui montrer qu’on peut avoir des conversations en basque, même si je n’ai pas le même niveau qu’elle. Ici, on le fait en s’amusant, c’est l’idéal. » 

…et avec son territoire 

Pour favoriser les échanges, les animateurs mettent en avant les vertus du collectif. Les repas du midi se font en commun avec un voisin de table différent à chaque fois pour s’ouvrir aux rencontres. L’après-midi, des activités variées, en lien avec les traditions locales comme la force basque, la pelote ou la gastronomie, permettent aux parents de mettre en pratique les notions apprises un peu plus tôt. Pour Christine, 65 ans, qui a voulu partager ce moment avec sa petite-fille Hegoa, c’est un vrai plus. « Dans les stages immersifs on va très loin dans le vocabulaire, la grammaire, on apprend des choses pointues. Ici, c’est beaucoup plus pratique et orienté sur la vie de tous les jours. » Un bagage dont elle espère se servir pour parler plus facilement avec ses enfants et petits-enfants, tous déjà à l’aise avec la langue.