Quand la jeune génération d’architectes imagine la Nive de demain !
Le projet de réaménagement de la Nive, porté par la Communauté Pays Basque, fait partie des 14 lauréats de l’édition 2025 d’Europan. Un concours prestigieux ouvert aux jeunes architectes, paysagistes et urbanistes de toute l’Europe. Les organisateurs proposaient mercredi dernier une journée découverte sur les trois sites pilote de Saint-Jean-Pied-de-Port, Ustaritz et Villefranque.
Mise à jour : 23 avril 2025

Ils sont plus d’une quarantaine d’architectes, urbanistes et paysagistes venus mercredi dernier visiter les bords de Nive. Le site basque fait partie des 14 lauréats français de l’édition 2025 du concours Europan, une compétition prestigieuse qui invite de jeunes concepteurs de toute l’Europe à réimaginer des lieux ou des territoires. Pour Carole Hiriart, référente du pôle Errobi qui a défendu la candidature de la Communauté Pays Basque, c’est une belle promesse. « C’est enthousiasmant de voir autant de monde s’intéresser à notre territoire. Nous avons besoin de ce regard neuf et de cette créativité pour imaginer des façons nouvelles d’aménager le Pays Basque.»
Trois sites pilote
Le projet porté par la Communauté d’Agglomération est atypique. « Généralement, nous retenons plutôt des sites en milieu urbain comme des friches, explique Julie Fernandez, secrétaire générale d’Europan France. Là, nous sommes sur un ensemble très vaste avec une attention portée surtout sur les paysages. » Une proposition qui résonne parfaitement avec le thème de cette nouvelle édition Re-ssourcer qui interroge le rapport entre l’homme et les écosystèmes.
Sur les 56 kilomètres de tracés de la rivière, trois lieux test ont été retenus par l’organisation. « Des sites expérimentaux dont pourront s’inspirer d’autres endroits du territoire qui rencontrent les mêmes problématiques », justifie Carole Hiriart, tout en rappelant la nécessité de préserver la ressource et la biodiversité sur cette zone naturelle fragile.

Saint-Jean-Pied-de-Port : créer un espace de vie pour les locaux
Le parcours en trois temps débute à Saint-Jean-Pied-de-Port. Ici, c’est une vaste zone touristique englobant le centre-bourg, la citadelle et les espaces autour du pont Eyheraberry que son maire, Laurent Inchauspé, veut revisiter. « Mais sans dénaturer le site, on veut que les aménagements servent d’abord aux locaux », plaide l’élu. Pour Léna, paysagiste à Bordeaux, la politique défendue par le territoire est particulièrement inspirante. « Cette idée de limiter au maximum l’empreinte sur la nature, voire de désurbaniser, c’est très avant-gardiste. » Même constat pour Nadir, venu spécialement de Belgique, qui imagine travailler autour des ressources locales et des circuits courts pour revaloriser le lieu.
Ustaritz : réhabiliter le patrimoine industriel
A quelques encablures de Saint-Jean-Pied-de-Port, les marcheurs découvrent le deuxième site d’Ustaritz. Le décor y est radicalement différent. Ici, la Nive renoue avec son passé industriel. Celui de la minoterie d’Arki où était encore récemment produit de la farine et, de l’autre côté de la rive, le lac Errepiragaraia qui servait autrefois à l’extraction du gravier. Pour son maire, Bruno Carrère, le concours d’idées Europan est l’occasion idéale de renouer le lien avec la rivière tout en créant de l’activité économique sur la commune. En observant la haute tour du moulin, Renaud, un habitué du concours, déjà primé il y a deux ans, imagine pourquoi pas y créer un tiers-lieu, « en tous cas un espace ouvert et vivant connecté avec le centre-ville et la gare. »

Villefranque : une boucle cyclable pour désenclaver le village
Reconnecter avec la rivière, c’est aussi ce que cherche à faire la commune voisine de Villefranque, point final de la déambulation. La rivière en contrebas est aujourd’hui difficile d’accès pour les habitants. La mairie voudrait créer une boucle cyclable qui raccorde le centre-bourg au chemin du halage. Le défi ici est technique à la fois par la topologie des lieux mais aussi la fragilité des espaces naturels situés en zone Natura 2000 avec quelques parcelles agricoles.
Patxi connaît bien les problématiques locales. Natif du Pays Basque, il est ravi de voir des projets d’envergure s’engager sur ces terres. Le jeune architecte installé à Biarritz et lui-aussi lauréat par le passé, a décidé de participer à nouveau au concours pour montrer la créativité et l’audace de la relève basque. Lui, comme les autres candidats, ont jusqu’au 29 juin pour déposer leur dossier. Les primés de l’édition 2025 seront connus en fin d’année.