Des sauveteurs désormais formés sur la qualité des eaux de baignade
Plus de 300 maitres-nageurs sauveteurs de la côte basque bénéficient pour la première fois d’une formation sur la qualité des eaux de baignade, dispensée par les équipes de la Communauté Pays Basque. Un effort de pédagogie nécessaire auprès d’une profession qui dit manquer de connaissances et d’informations fiables à transmettre aux baigneurs.
Mise à jour : 6 mai 2025

C’est un sujet qui les concerne tous mais que la plupart disent ne pas bien connaître. Mercredi dernier, une trentaine de professionnels de secours et MNS de la côte basque étaient rassemblés à la caserne de Saint-Jean-de-Luz pour assister à un cours sur la qualité des eaux de baignade. Une thématique intégrée pour la première fois aux évaluations d’avant saison et que l’adjudant-chef Olivier Navarro accueille avec satisfaction. « Ce type d'informations manquait. Pourtant, c’est souvent nous qui sommes en première ligne pour répondre aux baigneurs », reconnaît le responsable de formation.
Lutter contre les idées reçues
Face à un auditoire attentif, Stéphanie Delporte, cheffe du service « Qualité de l’eau et gestion des milieux aquatiques » à la Communauté Pays Basque, rappelle quelques fondamentaux. Sur les pollutions recherchées, sur les normes à respecter, sur l’encadrement de l’Etat mais aussi sur le dispositif de surveillance et de prévention mis en place sur les 35 zones de bain du Pays Basque. Images animées et graphiques à l’appui, elle montre aux stagiaires le travail réalisé par les préleveurs, les analystes et la coordination mis en place avec les communes pour prévenir les risques de pollution. Des informations « claires et intéressantes » pour Maxime, 39 ans, chef de poste sur la plage du Pavillon Royal à Bidart. « On comprend mieux comment sont prises les décisions, par exemple pourquoi telle plage est fermée et pas celle juste à côté ou pourquoi on réouvre une plage dans la journée. »
Les échanges sont aussi l’occasion de lutter contre certaines idées reçues, notamment sur le fonctionnement des stations d’épuration, souvent mal compris. « Non, les stations n’ouvrent pas les vannes, rappelle opportunément Stéphanie Delporte. Il peut arriver qu’il y ait des débordements à certains endroits quand il pleut de façon intense mais ces points sont contrôlés en temps réel grâce à des capteurs et sont intégrés à nos modèles de prévision. » Dans sa présentation, l’intervenante insiste sur les efforts entrepris par la Communauté d’Agglomération pour moderniser les infrastructures et améliorer les systèmes de traitement. « Pour preuve, sur deux années comparables en termes de pluviométrie, en 2013 nous avions 20% de fermeture de plages en moyenne et l’an dernier seulement 8%, alors que dans le même temps la règlementation s’est durcie. »
Une algue en question
Parmi les motifs d’inquiétude des sauveteurs, l’apparition de l’algue Ostreopsis depuis quelques années sur les côtes basques a aussi permis de faire œuvre de pédagogie. « Ostreopsis existe ailleurs dans le monde, explique la pédagogue. C'est un organisme vivant qui a tendance à proliférer dans les eaux chaudes ». Pour l’heure, les raisons de son développement sur le littoral basque sont encore mal comprises. Lancé l’an dernier, le programme de recherche transfrontalier Ostreobila, financé par la Communauté d'Agglomération Pays Basque et piloté par le GIS Littoral basque, vise justement à mieux décrire le phénomène et définir des seuils règlementaires. « Mais toutes les données des prélèvements sont déjà diffusées publiquement et des messages d’alerte sont envoyées via l’application Kalilo, comme pour le reste des pollutions et des phénomènes que nous surveillons », conclut la scientifique. Elle espère que l’auditoire se fera le relai de ces messages sur les plages cet été. En tout, plus de 300 secouristes seront formés cette année.

Un livret pour lutter contre les idées-reçues
Les égouts débordent dans l'Océan, les stations d'épuration sont obsolètes, la qualité des eaux de baignade se dégrade chaque année… pour lutter contre ces préjugés tenaces, la Communauté Pays Basque a édité une brochure pédagogique qui répond de manière factuelle aux critiques récurrentes sur le sujet.